Comment l'IA Révolutionne la Formation Professionnelle

Steve, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et comment vous êtes-vous orienté vers l'intelligence artificielle ?

Je suis tombé dans l'IA un peu par hasard, même si c’est un domaine qui m’a toujours fasciné. Enfant, je rêvais devant des films comme Terminator, Blade Runner ou Alien, où l’intelligence artificielle et les robots prenaient vie à l’écran.

Mais c’est vraiment avec l’arrivée de ChatGPT que j’ai eu un déclic. J’avoue être un peu procrastinateur… alors quand j’ai découvert un outil capable de travailler plus vite et parfois même mieux que moi, j’ai tout de suite vu le potentiel révolutionnaire de l’IA.

Le tournant s’est produit lorsque j’ai dû concevoir un programme de formation pour un projet académique. Ce qui devait être un exercice théorique s’est transformé en un projet concret, et depuis plus d’un an, je forme des professionnels à l’IA générative.

La formation est mon domaine depuis six ans, et associer cette expertise à l’intelligence artificielle a été une évolution naturelle pour moi. Aujourd’hui, j’accompagne des entreprises et des formateurs pour leur montrer comment tirer le meilleur parti de ces technologies, et je continue d’explorer tout ce que l’IA peut apporter à nos métiers.

En tant que formateur en IA, comment abordez-vous la démystification de cette technologie auprès de vos étudiants ?

Pour moi, le rôle principal d’un formateur chez Thinkai, c’est de rendre accessibles des notions complexes à un public qui ne maîtrise pas forcément le sujet. La vulgarisation est une compétence essentielle, et l’intelligence artificielle ne fait pas exception.

Heureusement, des outils comme ChatGPT sont eux-mêmes très performants pour simplifier des concepts, ce qui facilite l’apprentissage. Mais au-delà de la compréhension technique, il est crucial d’expliquer l’impact concret de l’IA dans le monde professionnel d’aujourd’hui – et encore plus dans celui de demain.

Ne pas utiliser l’IA aujourd’hui, c’est un peu comme refuser Internet à ses débuts. Tôt ou tard, tout le monde y viendra, et ceux qui auront adopté cette technologie dès maintenant auront une longueur d’avance. Mon objectif, en tant que formateur, est donc d’aider mes étudiants à comprendre, expérimenter et surtout intégrer l’IA dans leur quotidien professionnel pour qu’ils en tirent un véritable avantage.

Vous mettez un accent particulier sur l'éthique dans l'intégration de l'IA en éducation. Pouvez-vous nous expliquer les défis éthiques que cela représente et comment ils peuvent être surmontés ?

De plus en plus de personnes utilisent des outils comme ChatGPT ou Copilot, mais de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. L’utilisation des LLM (Large Language Models) nécessite une grande prudence, notamment en ce qui concerne la gestion des données.

L’un des principaux défis éthiques réside dans la confidentialité des informations saisies. Beaucoup ignorent que certaines IA peuvent réutiliser les données fournies pour s'entraîner et s'améliorer. Prenons l’exemple de Deepseek, une IA chinoise qui a récemment fait parler d’elle. Développée par une startup chinoise, elle soulève des interrogations sur la récupération et l’exploitation des données, notamment par le gouvernement chinois.

C’est pourquoi il est essentiel d’utiliser ces outils de manière éclairée. J’aime comparer les LLM aux réseaux sociaux : si vous ne mettriez pas une information sur Instagram ou Facebook, alors vous ne devriez pas l’entrer dans ChatGPT non plus.

En tant que formateur, mon rôle est d’accompagner mes apprenants dans cette réflexion éthique pour qu’ils puissent exploiter l’IA en toute sécurité et en pleine conscience des enjeux.

Selon votre expérience, quelles sont les principales craintes ou malentendus que les professionnels ont souvent à propos de l'IA, et comment les adressez-vous dans vos formations ?

L’une des craintes les plus répandues que j’entends concerne la peur d’être remplacé par l’IA. Soyons honnêtes : oui, certains métiers vont disparaître à cause ou grâce à l’IA, selon la manière dont on le perçoit. Mais cela ne signifie pas que le travail, en tant que tel, va disparaître. Il va surtout évoluer, et ceux qui sauront intégrer l’IA dans leur quotidien professionnel auront une longueur d’avance.

Plutôt que de voir l’IA comme une menace, je la considère comme un levier d’optimisation et d’amélioration. On parle depuis longtemps de la semaine de quatre jours : avec l’IA, cette transition devient plus envisageable, car elle permet d’augmenter considérablement la productivité.

Le véritable enjeu, c’est donc de dédiaboliser l’IA et d’accompagner les professionnels vers une prise de conscience : se former rapidement à ces outils n’est plus une option, mais une nécessité pour rester compétitif dans un monde du travail en pleine mutation. C’est cette approche que j’intègre dans mes formations, en montrant comment l’IA peut être un véritable atout au service des compétences humaines.

Avec plus de 10 ans d'expérience dans la sûreté et la sécurité, comment ces domaines influencent-ils votre approche de l'enseignement de l'IA ?

Le domaine de la sûreté m’a appris deux choses essentielles : le respect de la confidentialité et la rigueur, des valeurs que j’applique aujourd’hui dans mon approche de l’enseignement de l’IA.

C’est aussi grâce à ce secteur que j’ai débuté ma carrière de formateur. J’y ai découvert le métier, expérimenté différentes méthodes pédagogiques et appris à transmettre efficacement des connaissances à un public adulte. Cette expérience m’a ensuite permis d’obtenir mon brevet fédéral de formateur d’adultes, une étape clé dans mon parcours.

Avant de devenir formateur, mes années sur le terrain m’ont inculqué une discipline stricte et un profond respect des règles – des compétences précieuses lorsque l’on aborde des sujets comme l’éthique, la sécurité des données ou les bonnes pratiques d’utilisation de l’IA.

Aujourd’hui, j’intègre ces principes dans mes formations pour aider mes apprenants à adopter une approche responsable et sécurisée de l’IA, en mettant l’accent sur la confidentialité, la fiabilité des informations et la prise de décision éclairée.

Pourriez-vous partager avec nous une expérience marquante lors de votre podcast AI Break qui a changé votre vision de l'IA ou qui a eu un impact significatif ?

Ce qui m’a le plus marqué avec AI Break, ce sont avant tout les rencontres. Et c’était précisément l’objectif de départ : sortir des échanges purement virtuels pour discuter en face à face avec des experts et passionnés de l’IA.

Je vois vraiment ce podcast comme un privilège : celui de pouvoir poser mes questions à des personnes aussi passionnées que moi par leur domaine, d’explorer leurs réflexions et d’apprendre à leurs côtés. Chaque épisode est une nouvelle opportunité de découvrir des perspectives que je n’avais pas envisagées et d’élargir ma propre vision de l’IA.

L’intelligence artificielle est fascinante, mais ce qui me frappe encore plus, c’est l’humain derrière ces innovations. Ce sont les chercheurs, les entrepreneurs, les créateurs qui donnent vie à ces avancées et qui façonnent l’avenir de cette technologie. AI Break est pour moi un moyen de mettre en lumière ces esprits brillants et de partager ces échanges avec le plus grand nombre

En tant que professionnel engagé dans l'adaptation aux tendances technologiques, comment envisagez-vous l'évolution de l'IA dans les cinq prochaines années et son intégration dans les pratiques professionnelles ?

S’il y a bien une certitude, c’est que l’avenir de l’IA est tout sauf prévisible.

Aujourd’hui, personne ne peut affirmer avec précision où nous en serons dans cinq ans. Cette technologie évolue à une vitesse fulgurante : ce qui semble impossible aujourd’hui peut devenir une réalité en l’espace de quelques semaines.

Quand je me projette dans le futur, c’est un mélange d’excitation et de prudence qui m’anime. Entre l’essor des robots, des véhicules autonomes, des ordinateurs quantiques et la possible émergence d’une AGI (Intelligence Artificielle Générale), les avancées à venir pourraient redéfinir en profondeur notre rapport au travail et à la technologie.

Ce qui est certain, c’est que l’IA va continuer à s’intégrer dans les pratiques professionnelles, non pas pour remplacer l’humain, mais pour l’assister, l’optimiser et repousser les limites de ce qui est possible. L’enjeu principal sera d’apprendre à cohabiter intelligemment avec ces outils, en gardant toujours une approche éthique et responsable.


Steve Vouilloz est formateur en intelligence artificielle et fondateur de ThinkAI. Il crée également le podcast AI Break. Avec une expérience en sûreté et en vente, il propose des formations pratiques sur l'IA. Steve se spécialise dans la démystification de l'IA pour les professionnels, leur permettant d'explorer son potentiel et d'améliorer leur efficacité. Il offre un accompagnement personnalisé et des formations sur des sujets tels que le prompt engineering et l'éducation assistée par l'IA.

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